1. Origine de l'Ostéopathie:

 

 

 

L’ostéopathie est une approche thérapeutique créée dans le dernier tiers du XIXème siècle aux USA, par un médecin de l’époque nommé A.T Still (1828-1917).

 

Ce fils de pasteur méthodiste a fondé une approche thérapeutique basée sur la combinaison intéressante entre le mesmérisme  et l’approche structurelle du rebouteux (mesmérisme: approche thérapeutique basée sur un ensemble de théories soutenues par un médecin allemand du 18ème siècle nommée Frantz-Anton Mesmer, qui résumait l’apparition de la maladie à la mauvaise répartition d’un fluide universel magnétique au sein du corps humain, dont le traitement correspondait à restituer cet équilibre perdu). Cette volonté de changer son approche médicale est issue d’une probante frustration et d’un rejet des traitements médicaux de l’époque. « Trouver la santé devrait être l’objectif du docteur. N’importe qui peut trouver la maladie. » (Still, 1908)

 

Jusqu’à la fin du XIXème siècle, le traitement médical de tout mal correspondait à l’administration de médicament ou drogue, tels que le whiskey, la cure de mercure, la saignée ou la chirurgie. Cette approche s’est révélée bien plus délétère que bénéfique. C’est une période charnière de la médecine, avec notamment la découverte des germes et leur progressive adoption par le corps médical au début du XXème siècle. Les règles d’hygiènes étaient très relatives à cette époque, et toute intervention chirurgicale était généralement suivie d’une infection mortelle du patient.

 

C’est en raison de ces échecs de la médecine que Still voulu développer une approche manuelle, sans l’administration de « médicaments », en repoussant l’utilisation de la chirurgie à une application de dernier recours. Sa grande foi, sa proximité avec la nature, ses influences philosophiques et conceptuelles, ainsi que sa formation médicale et ses connaissances anatomiques, l’ont conduit à imaginer un principe selon lequel Dieu créa l’homme avec comme tout remède son corps. Il avait la ferme conviction que la maladie se développait dans chacun, dès lors que le corps ne se trouvait pas dans un état de fonction complète, inhibant ainsi ses propres facultés de guérison. Cette capacité d’auto-guérison du corps évoquée par Still, a été grandement inspirée par l’approche mesmérienne qui faisait partie de sa formation médicale, et dont il ne se cachait pas, se qualifiant même de guérisseur ou de magnétiseur.

 

Andrew Taylor Still partait donc du principe qu’un liquide universel habitait chaque être vivant, et qu’il avait comme vertu principale la guérison. C’est ainsi qu’en se basant sur ce principe, il réussit à guérir 18 enfants atteints de dysenterie simplement en posant une main sur leur abdomen, l’autre sur la colonne lombaire, essayant de répartir la chaleur, dénouer les nœuds qu’il percevait, tout en visualisant son traitement de l’intérieur (Still, 1908). C’est ainsi qu’il décrivit l’ostéopathie comme :

 

« …la science consistant en une connaissance exacte, exhaustive et vérifiable de la structure et des fonctions du mécanisme humain, anatomiques, physiologiques et psychologiques, incluant la chimie et la physique de ses éléments connus, ayant permis de découvrir certaines lois organiques et ressources curatives au sein du corps lui-même par lesquelles, la nature, sous le traitement scientifique, original à la pratique ostéopathique, différent de toutes les méthodes ordinaires de stimulation externe, artificielle ou médicinale, et en accord harmonieux avec ses propres principes mécaniques, ses activités moléculaires et processus métaboliques, peut se rétablir de déplacements, désorganisations, dérangements et des maladies qui en ont résulté et retrouver son équilibre normal de forme et de fonction en santé et en force » (Still, 1892).

 

 

 2. Concepts Ostéopathiques:

 

 

 

Still conceptualisa par la suite cette mauvaise distribution du fluide vital au sein du corps de ces enfants dysentériques, comme liée à des perturbations articulaires. Cette conceptualisation fut influencée par une expérience personnelle, où il fit disparaître une de ses « migraines » par un « craquement » des articulations de sa nuque (Still, 1908), liant ainsi la capacité de mouvement des articulations aux symptômes ou à la maladie elle-même. Cet ensemble d’expériences thérapeutiques le conduisit au rapprochement entre la structure anatomique et la fonction physiologique du système somatique et leur place dans le traitement ostéopathique, le justifiant comme :« Par l’ajustement normal de la charpente osseuse, l’ostéopathe recherche d’abord la perfection physiologique dans la forme, de sorte que les artères puissent délivrer le sang nécessaire à nourrir et construire toutes les parties ; également pour que les veines puissent emporter toutes les impuretés ce qui conditionne la rénovation ; également que les nerfs de toutes sortes puissent être libres et non obstrués en appliquant les forces de la vie et du mouvement à toutes les divisions et à tout le système du laboratoire de la nature. » (Still, 1908).

 

Ces expériences thérapeutiques furent à l’origine des principes de base de l’ostéopathie, décrits plus tard par Littlejohn (1908) comme :

 

·         Unité du corps ;

 

·         Autoguérison ;

 

·         Structure et fonction sont étroitement liées ;

 

·         La libre circulation des fluides dans un corps est nécessaire à sa santé.

 

Roger et al (2002) proposa une interprétation actualisée des différents principes ostéopathique définis comme :

 

·         Une personne résulte d’interactions dynamiques entre le corps, la conscience et l’esprit ;

 

·         une des propriétés inhérente à cette somme d’interactions est la capacité de l’individu à se maintenir dans un état de santé et à retrouver cet état suite à une maladie;

 

·         de nombreuses forces, qu’elles soient intrinsèques ou extrinsèques à cette individu, peuvent défier cette inhérente capacité, et contribué à l’apparition de la maladie ;

 

·         Le système musculo-squelettique influence pleinement cette capacité de l’individu et permet ainsi de résister au processus de la maladie.

 

 

 

Still créa en 1892 « The American School of Osteopathy » à Kirksville.

 

De son enseignement naquirent deux grandes approches. En effet, nous avons vu que l’ostéopathie est née d’une association entre l’approche structurelle, la manipulation directe du rebouteux et le concept vital du guérisseur mesmérien. Cette association originelle constitua plus tard, au début du XX siècle, le débat à l’origine de la division en deux « clans » distincts de l’ostéopathie.
 

 

3. Débat sur l'intéraction structure/fonction.

 

 

 

 

Un des premiers élèves de Still, nommé J. M. Littlejohn, entra en conflit dans la conceptualisation de l’ostéopathie avec Still. Ce dernier expliquait l’implication de la structure dans la modification de la fonction corporelle, soit de la vitalité, alors que Littlejohn concevait davantage, de par ses connaissances physiologiques, l’implication directe de la fonction à l’origine des perturbations structurelles. « La maladie résulte d’anomalies anatomiques suivies de désordre physiologique. Pour guérir la maladie, les parties anormales doivent être ajustées vers le normal. » (Still, 1892). Ce premier débat permit et fut à l’ origine de la promotion de l’ostéopathie en Europe. En effet, Littlejohn créa plus tard avec ses frères une première école d’ostéopathie dans la région des grands lacs à Chicago au début du XXème, puis une seconde à Londres. La « British School of Osteopathy » (BSO) fut le point de départ de l’émergence ostéopathique Européenne. Ce fut le premier débat sur l’implication de la structure/fonction dans leur ordre d’influence.

 

 

 

4. La rupture Ostéopathique:

 

 

Dans un deuxième temps, deux élèves de Still et de Littlejohn nommés H.H Fryett et W.G Sutherland, formèrent deux clans ostéopathiques. D’un coté Fryett avec son approche structurelle et biomécanique, davantage inspirée de l’approche du rebouteux, et de l’autre Sutherland et son approche fonctionnelle crânienne se rapprochant du concept mesmérien, de la guérison et de sa méthode thérapeutique (Liem et al, 2002). D’une part une approche conceptuelle non explicable dans un certain sens et sortant des sentiers scientifiques de la médecine, communément appelée approche fonctionnelle, et d’autre part le système structurel et mécanique basé sur l’anatomie, la biomécanique et la physiologie reconnue dans le monde médical. C’est ainsi que l’intérêt scientifique de l’approche structurelle « Fryettienne » a, au cours du temps, pris le pas sur le concept fonctionnel de Sutherland. Cette séparation a conditionné l’évolution de l’approche ostéopathique, les axes de recherche scientifique ostéopathique tout comme la mise en place de la définition de la Dysfonction Somatique (Liem et al, 2002).

 

5. La Dysfonction Somatique:

 

 

 

Basée sur un principe d’unité du corps, l’ostéopathie a donc pour objectif thérapeutique principal de lui redonner ses capacités fonctionnelles (Still, 1892 et 1908). Pour atteindre ce but, l’ostéopathe doit prendre en compte un ensemble de dysfonctionnements corporels de sévérités variées qu’il nomme Dysfonction Somatique. Pour mettre en évidence ces DS, il quantifie et qualifie un ensemble de restrictions de mobilités, de modifications de textures, d’asymétries et de sensibilités de chaque zone du corps par l’intermédiaire des outils diagnostiques les plus subjectifs du thérapeute : la palpation et l’observation. Aujourd’hui connue sous le nom de Dysfonction Somatique, l’objectif diagnostique de l’ostéopathe s’appelait Lésion Ostéopathique (Forbes et al, 1916 et 1915). Au cours du temps, des assemblées d’ostéopathes se sont réunies pour tenter de définir de façon spécifique, et ce dans un but de consensus international et interdisciplinaire, le terme de Dysfonction Somatique (Rumney, 1971 et 1975)

 

La Dysfonction Somatique a été définie en 1975 par I. Rumney comme étant : «une fonction diminuée ou altérée d’une des composantes du système somatique (squelettique, articulaire et structures myo-fasciales) ainsi que les composantes neurologiques, vasculaires et lymphatiques correspondantes » (Rumney, 1971 et 1975). Une Dysfonction Somatique est diagnostiquée par un ensemble de tests palpatoires combiné à une observation du patient et de la zone considérée, permettant ainsi de mettre en évidence au moins un des signes suivants (Ward, 1981 et 2003) :

 

·         Asymétrie des repères osseux ;

 

·         restriction de mobilité ;

 

·         sensibilité ;

 

·         modification de texture.

 

  

 

6. Et donc?

 

 

 

L’ostéopathe se base donc sur son diagnostic des dysfonctions somatiques lors de son examen clinique pour évaluer les complexes somatiques dysfonctionnels ne permettant pas au corps de s’adapter aux contraintes environnementales et internes. C’est ainsi qu’en utilisant son bagage technique, les principes ostéopathique et en se basant sur les dysfonctions somatiques, que l’ostéopathe vise une réhabilitation des capacités adaptatives du patient dans son environnement.